Sarah

Petite, lors de balades à vélo avec ma grand-mère, je m’arrêtais toujours devant le même jardin. Ce lieu m’émerveillait et nourrissait mon imagination. Cette fascination pour ces espaces verts a guidé mon parcours, à la fois atypique et profondément ancré dans la création.
J’ai d’abord suivi un cursus en arts plastiques, explorant le dessin, la sculpture, l’histoire et la philosophie de l’art ainsi que l’architecture. Mais il me manquait quelque chose : la pratique. J’avais besoin d’un métier concret, d’un savoir-faire tangible.
Au début des années 2000, je me réoriente vers un BTSA en aménagements paysagers, option conception de jardin, en alternance. Cette formation me plonge dans la réalité du métier de paysagiste : réalisation de plans, reconnaissance et choix des végétaux, construction d’infrastructures…
Mon mémoire de fin d’études, intitulé « Un jardin sensoriel au service de l’art culinaire », portait sur la création d’un jardin entièrement comestible pour un chef cuisinier angevin. Un sujet original assez avant-gardiste pour l’époque, qui annonçait déjà ma future activité, vingt ans plus tard.
Mais une autre envie émerge. Lorsqu’on est paysagiste, on conçoit des jardins, on les entretient… puis on s’en va. J’avais envie de voir un lieu évoluer au fil des années, de suivre le cycle des saisons et la croissance des végétaux sur le long terme. Cette réflexion a pris racine lors de mes expériences en tant que saisonnière agricole. J’ai travaillé dans différentes exploitations, notamment en viticulture et en arboriculture, à travers la France.
Après plusieurs années, je décide de m’installer dans l’ouest de la France, où je cultive mon premier potager pendant cinq ans. À travers mes rencontres professionnelles, mon intérêt pour la culture des plantes comestibles s’intensifie. En 2013, je me spécialise en maraîchage biologique.
Cette immersion dans le monde agricole me confronte à la réalité de la production de légumes à grande échelle, avec ses enjeux économiques bien différents de ceux d’un simple potager familial. Je travaille dans plusieurs fermes avant d’occuper un poste où je suis chargée de créer un potager d’entreprise et de former des jardiniers d’espaces verts à la culture des légumes.
C’est à ce moment-là que je réalise une chose : les métiers du végétal sont cloisonnés. Il n’existe pas de véritable profession dédiée à la conception et à l’entretien des potagers.
À l’époque, trouver un spécialiste capable d’accompagner un particulier dans cette démarche était presque mission impossible. En formation paysagère, les plans laissaient souvent un espace vide à l’emplacement du potager. Curieuse d’approfondir cette thématique et avide de nouvelles connaissances, je me forme en 2017 en design de permaculture à l’Écocentre du Périgord.
Toujours impliquée dans le maraîchage, une opportunité professionnelle me conduit en Bretagne, dans les Côtes-d’Armor. Ce territoire devient ma terre d’adoption, et je décide de m’y ancrer définitivement.
À ce stade de mon parcours, je ressens le besoin de transmettre mes connaissances plutôt que de me consacrer uniquement à la pratique. Ne souhaitant pas m’installer comme maraîchère, je me tourne vers l’enseignement et deviens formatrice en paysage et maraîchage auprès d’adultes en reconversion et de jeunes apprentis. Pendant quatre ans, j’accompagne ces publics dans leur apprentissage, une expérience aussi enrichissante humainement que professionnellement.
Mais en 2024, la formation d’éco-jardinier que nous dispensons avec Séverine et deux autres collègues cesse faute de financements. Plutôt que d’abandonner, nous décidons Séverine et moi-même de nous associer et de créer notre propre structure : Synergie Végétale.
Aujourd’hui, j’accompagne les particuliers, les professionnels et les collectivités dans la conception de jardins nourriciers, la gestion durable des végétaux et la formation. L’évolution des modes de vie et la nécessité de retrouver une autonomie alimentaire rendent cette mission d’autant plus essentielle.
Avec l’entrée en vigueur de la loi AGEC en 2024, rendant le tri des biodéchets obligatoire, je me forme pour devenir Maître Compostrice. J’aide désormais divers publics à mettre en place une gestion efficace et locale de leurs biodéchets, tout en sensibilisant à la gestion durable des végétaux au jardin.
En parallèle, je continue de me former et de participer à des projets collaboratifs, comme la Fresque de l’Eau et l’Atelier des Sols Vivants. Et bien sûr, je pratique au quotidien : sur mon propre terrain, je cultive légumes et fruits, testant différentes techniques adaptées à mon sol, au climat et à mes besoins.
Aujourd’hui, mon objectif est simple : partager mon expérience et accompagner chacun dans la création d’un espace comestible qui lui ressemble.







